Montreux 2011
« Penser l’agression sexuelle »
CAHIER DES RÉSUMÉS
Depuis sa première édition en 2001, le CIFAS est devenu un rendez-vous incontournable de la communauté scientifique francophone concernée par la question des agressions sexuelles, de l’accueil des victimes à la prise en charge des auteurs.
Chaque édition se tient en alternance au Québec ou en Europe francophone. Québec, Bruxelles, Gatineau, Paris puis Montréal ont, à cette occasion, accueilli entre 600 et 800 congressistes. Ces différents congrès ont abordé successivement les thématiques cruciales de la prévention, de l’articulation des pratiques cliniques et judiciaires, de la comparaison internationale des pratiques, de la transmission et de la formation, ainsi que l’évolution de la problématique au cours du temps.
Au fil des congrès, le CIFAS s’est affirmé comme un moment privilégié d’échange entre des intervenants aux prises avec la complexité et la pression de la réalité sociale, dans le souci d’une interrogation clinique et éthique constante. Lieu de confrontation des points de vue, des recherches et des approches, le CIFAS permet à des acteurs d’horizons divers de transmettre les résultats de leur travaux et de débattre autour de leur savoir faire.
Il s’agira à l’occasion de ce 6ème congrès d’analyser les changements et mutations considérables du regard que la société porte sur les agressions sexuelles, ainsi que de faire le point sur les moyens qu’elle se donne, autant pour les prévenir que pour accueillir et aider les victimes, mettre en oeuvre les réponses sociales, pénales et thérapeutiques pour les auteurs comme pour les victimes.
L’agression sexuelle est un acte qui nous met au défi de penser ce qui a surgi à travers l’effroi. La violence qu’elle révèle chez l’agresseur pose la question de son humanité à retrouver. Cette violence bouleverse, autant par ce qu’elle fait subir à la victime que par son écho dans l’ensemble du corps social.
Les législations et les pratiques juridiques, sanitaires, sociales et éducatives en ont été profondément modifiées. Les dispositifs qui se mettent en place privilégient la parole de la victime, parole dont l’agression l’a privée.
Se pose aussi la question du devenir de l’agresseur entre exclusion définitive et reconstruction personnelle. Injonction est faite aux soignants de développer des approches thérapeutiques avec des sujets présumés jusqu’alors inaccessibles à tout changement.
La force de l’émotion qui saisit régulièrement politique, public et médias participe à la difficulté de penser l’acte de l’agression sexuelle et ses conséquences. Pour pallier cette difficulté, il est crucial que les professionnels se rencontrent, non seulement pour améliorer leurs pratiques, mais aussi pour leur donner sens: penser autant la violence de l’intrusion que l’interrogation profonde des valeurs et des représentations mises à mal.
Le congrès s’organisera autour de trois axes qui sont autant de lignes de force qui doivent nous aider à construire une réponse sociale qui va au delà de la colère et de la vengeance :
- un axe clinique, pour mieux connaître, évaluer et comprendre les ressorts de l’agression sexuelle
- un axe socio-juridique, pour analyser les rapports complexes entre les espaces qui s’entrechoquent et poussent la loi pénale à évoluer
- un axe philosophique et éthique pour interroger ce qui se joue autour de cet agir monstrueux en termes de représentations qu’elles soient individuelles ou collectives.
Le congrès devra ainsi permettre de préciser, articuler et faire évoluer les points de vue. Il nous conduira aussi à interroger l’interface entre ressenti émotionnel et appréhension scientifique et à penser ce qu’il advient de ces sujets dans une société en mal de repères.
Comme lors des précédentes rencontres, les échanges interdisciplinaires seront favorisés. Magistrats, juristes, personnels pénitentiaires, soignants, travailleurs sociaux et plus généralement tout intervenant auprès des auteurs ou des victimes de violence sexuelle seront bienvenus au 6ème CIFAS.
Prof. Bruno Gravier
Président du comité d’organisation
Prof. Pascal Roman
Président du comité scientifique